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Une métaphore pour les enfants : La jeune bergère

De nos parents, nos grands-parents ou de générations plus anciennes, nous héritons de traits physiques, de traits de caractères, parfois de maladies, et parfois de trésors qui sommeillent et qu’il faut du temps à découvrir. Voici une métaphore pour les enfants, et aussi pour les adultes, qui font face à leurs mémoires transgénérationnelles.

La jeune bergère

Laissez-moi vous raconter l’histoire d’une jeune bergère qui vit dans le fin fond des montagnes, très loin des villes, dans une région reculée et très peu peuplée.

Tous les étés, elle monte dans les sentiers pentus de la forêt pour conduire son troupeau. Elle aime beaucoup ses moutons qui sont des animaux si doux et si dociles. Chaque jour, elle les emmène dans de nouveaux pâturages, ainsi ils profitent de la bonne herbe de ces belles montagnes. Pour toujours les entendre quand elle s’assoupit ou qu’elle s’échappe dans la contemplation de la nature, la jeune bergère a offert à ses moutons des petites clochettes qu’elle leur a accroché autour du cou. De cette manière, si l’un d’eux s’éloigne un peu du groupe, elle le retrouve toujours.

Cette jeune fille, indépendante et solitaire, hormis la présence de son troupeau, a une particularité. Elle a les cheveux roses. C’est ainsi depuis sa naissance et c’est un vrai mystère, et aussi l’occasion pour les jeunes de son âge de se moquer d’elle ou de la trouver bizarre. Tout le village l’appelle Rosa.

Un beau matin, alors qu’elle vient de passer une bonne nuit de sommeil dans sa petite cabane, Rosa sent qu’il se passe quelque chose d’étrange. Hier soir, elle a contemplé les étoiles jusqu’à l’épuisement, elle n’a pas vu le temps passer et s’est écroulée de fatigue sans vérifier que le troupeau allait bien. Car d’habitude, tout va toujours bien. Mais là, c’est comme si l’air était devenu trop pesant… Elle sort en hâte et découvre avec effroi que ses moutons ont disparu. Elle court partout, tend l’oreille, court encore, appelle, crie, pleure, mais rien, pas un seul bêlement et pas un seul bruit de clochette dans les parages.

Rosa est furieuse. La colère monte en elle : comment a-t-elle pu être aussi négligente, dormir aussi longtemps sans se rendre compte qu’un drame était en train de se jouer. Maintenant ses moutons sont peut-être en danger ou pire encore ! S’il leur arrive quoi que ce soit, elle s’en voudra pour toujours ! A bout de souffle et hors d’elle, Rosa décide d’aller voir le sage qui vit un peu plus loin dans une grotte. Elle part en courant et arrive devant le sage qui médite sur un tapis de fleurs. Dans un torrent de propos désordonnés, elle raconte en pleurant et en criant le malheur qui s’abat sur elle.

Le sage ouvre les yeux et fait signe de la main à Rosa pour lui signifier de s’asseoir. La jeune bergère n’en a pas envie mais elle ne peut désobéir au sage.

Celui-ci se recueille pendant un temps qui semble interminable à Rosa qui s’agite de plus en plus, et lui dit enfin : « Ma chère enfant, vois ta colère et sens comme elle t’aveugle. Comment pourrais-tu retrouver tes moutons avec toute cette émotion ? Tu dois reprendre tes esprits. Tu vas respirer avec moi et quand tu seras plus apaisée, nous verrons quoi faire. »

Alors Rosa arrête de bouger dans tous les sens. Tous deux se synchronisent et peu à peu, Rosa retrouve son calme.

« Va dans la grotte et regarde dans le chaudron », lui dit le sage, « tu y verras la réponse à ton problème. »

La bergère trouve cela bizarre mais elle se lève et entre dans la grotte. Dans un coin, elle voit un gros chaudron qui bouillonne. « Comme c’est étrange », se dit-elle, « la fumée est toute rose… » Puis laissant de côté cette observation, elle se penche sur le chaudron et pense très fort à ses moutons. Soudain, une image se dessine sur la surface du liquide et Rosa voit très nettement son troupeau de l’autre côté de la rivière. Ils sont tous là, mais pas si loin de sa cabane, simplement partis dans la mauvaise direction. Le bruit du courant, très fort à cette altitude, a masqué celui des clochettes.

Heureuse et pressée de retrouver ses animaux, Rosa sort de la grotte et remercie le sage.

« Je suis content que tu aies trouvé ta réponse. Tu sais, il y a longtemps une autre jeune fille était venu me poser une question. Et quand elle s’est penchée sur le chaudron, elle a été tellement émerveillée par la réponse qu’elle est restée à la contempler un peu plus de temps que nécessaire. Quand elle est repartie, aussi joyeuse que toi en cet instant, ses cheveux étaient devenus tout rose, comme les tiens… c’était ta grand-mère… »

La jeune fille est très émue et se demande quelle question sa grand-mère était venue poser. Peut-être demandera-t-elle un jour au sage… Pour le moment, elle va vite chercher ses moutons. Ils sont, comme elle l’a vu dans le chaudron, de l’autre côté de la rivière, tous sains et saufs. Quand ils l’aperçoivent, ils viennent la retrouver en faisant tinter leurs petites clochettes. Les retrouvailles sont joyeuses.

Plus tard, quand la bergère s’assoit et repense à cette journée, elle se dit qu’elle a beaucoup appris de sa mésaventure. Elle sait maintenant que la colère est comme un masque qui empêche d’y voir clair et qu’il est toujours bon de demander de l’aide quand on en a vraiment besoin. Et puis aussi, elle sait enfin d’où lui viennent ses cheveux roses… et au lieu de lui paraître étrange, elle décide d’apprécier cette particularité comme un cadeau de sa grand-mère, cette femme qu’elle n’a connu que trop brièvement, un héritage précieux qui lui rappelle comme la vie est merveilleuse et pleine de surprises.

Vous avez apprécié cette histoire ? Je vous conseille de lire une autre métaphore pour les enfants. Et de me laisser un petit commentaire 🙂

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